Mes yeux s'ouvrirent tranquillement alors que les rayons de soleil qui pénétraient par la fenêtre éclairaient la chambre. Je jetai un coup d'oeil au cadran, il était déjà neuf heures. Oui, c'est peut-être tôt pour se réveiller un samedi matin, mais j'avais l'habitude de se lever tôt la semaine. Arrivé le week-end, c'était de même. D'un côté, c'était avantageux. Plus de temps pour profiter d'une journée de congé. De plus, aujourd'hui n'était pas n'importe quel jour. C'était mon anniversaire de mariage. Je suis un peu cul-cul pour ce genre de choses et je l'assume entièrement. Bah ouais, j'aime ma femme et je me rappelle du jour où j'ai fait la demande. C'est normal, non? Et puis, c'est la première année. Peut-être que dans trente ans, je ne me rappellerai plus de la date. Bref, je me retournai dans mon lit pour y voir Aurora qui dormait toujours, la tête face au mur. Je passai mes bras autour d'elle et rapprocha mon corps du sien pour me placer en cuillère. Sentir la chaleur de son dos nu contre mon torse ne me déplaisait jamais. Je vins poser ma tête dans le creux de cou pour y déposer doucement mes lèvres. Après déjà quatre ans de vie de couple, les gestes attentionnés et romantiques n'étaient pas un point mort dans notre relation - tant mieux. On dit que l'amour dure trois ans - si on écoute monsieur Beigbeder - et qu'il y a une année de passion, une de tendresse et une année d'ennui. C'est faux! Ce n'est plus aussi passionné qu'au début, ça je peux l'avouer, mais la tendresse est toujours là. Et je peux vous dire que je ne m'emmerde pas du tout en sa compagnie. Si ça serait le cas, me marier avec elle aurait été une erreur.

Après quelques minutes collé contre elle, je me détachai et me redressai dans le lit pour finalement me glisser hors. Tout en restant torse nu, j'enfilai un bas pyjama. Même si c'était ma maison et que je vivais avec ma femme, mon frère et ma soeur, je ne me baladais pas en boxer partout dans la maison. Je ne suis pas mal à l'aise pour le faire, mais bon... Enfin, tout dépend du style de boxer aussi. Par contre, si Aurora et moi étions les seuls résident de la maison, même me promener nu ne serait pas un problème. Même que ça serait kiffant faire cela avec ma femme. Mais je connaissais trop bien mon frère pour savoir que je ne devrais pas la laisser faire ce genre d'activité. J'ai confiance en lui et je sais qu'il ne lui sauterait pas dessus par respect (a), mais il reste tout de même ce qu'il est. De plus, ma femme est canon alors voilà! J'étais descendu à la cuisine pour préparer le petit-déjeuner, tout en se faisant un café. Je n'étais pas le meilleur en cuisine, mais avec les années d'expérience que j'avais eu en tant que tuteur de Nate et Cass, je me débrouillais pas mal. Au menu ce matin, des pancakes. Délicieux et simple, tout le monde aime ça!

Une fois terminé, je déposai l'assiette dans sur un plateau avec un verre de lait et du sirop sur le côté. Ce n'était pas le petit-déjeuner le plus fancy, mais mieux que rien! Plateau en main, je remontai les escaliers jusqu'à notre chambre pour déposer le repas sur la table de nuit. Ensuite, je vins me remettre sur le lit en me posant par-dessus elle et posai mes lèvres sur les siennes. Tentative de réveil numéro un! « Bon matin chérie. » soufflai-je doucement à son oreille. « J'espère que tu as faim. »

Il est important pour moi de montrer à la femme que j'aime combien je tiens à elle. À travers des simples gestes et paroles, je voulais qu'elle sache qu'après ces années passées ensemble, mon amour pour elle restait intacte. On voit souvent ces couples où les rapports deviennent quasiment malaisant avec le temps. Quand nous les croisons en public c'est à croire qu'ils sont de simples amis, rien de plus. Faut dire que j'ai toujours eu peur d'arriver à ce point avec Aurora. C'est pourquoi je tente de garder mon côté tendre et amoureux envers elle. La plupart des filles se plaignent souvent que leur petit ami n'est plus comme avant, qu'elles ont l'impression qu'après un moment, ils cessent d'être mignons. À vrai dire, je pourrais dire que c'est normal. Quand on a finalement ce qu'on veut, plus aucune raison de se battre ou essayer de l'impressionner pour l'avoir. Voilà la différence entre l'homme et la femme en fait. Cette dernière veut de l'attention, veut voir son homme la garder près de lui afin de prouver qu'il tient à elle. Ayant compris la femme - après quelques relations où j'étais soi-disant un connard - et avoir trouvé la femme avec qui je passerai ma vie, je fais mon possible pour la traiter comme il le faut et comme elle veut être traité. J'en fais peut-être un peu trop parfois, mais elle le mérite. De plus, elle en fait autant pour moi. Nous nous respectons, nous affectionnons et nous nous aimons! Voilà le secret de notre bonheur. Aucun secret! (Je m'amuse, t'as vu!)

Ce matin, je lui ai réservé un petit-déjeuner au lit pour bien commencer notre journée d'anniversaire. Personne ne dirait non à des pancakes de toute façon. Le plateau était posé sur la table de nuit, tandis que je réveillais madame MacAllister avec un baiser furtif sur les lèvres. Un sourire se dessina sur mes lèvres en la voyant se frotter les yeux. Comme un enfant, c'était mignon. (Ça fait légèrement pédophile, mais osef.) Elle vint ensuite me donner un baiser à son tour. Elle remarqua ensuite ce qui l'attendait sur la table de nuit et rattrapa à nouveau mes lèvres. Je répondis au baiser et une fois nos lèvres détachées, je me redressai afin de m'asseoir sur le bord du lit, une main appuyée sur le lit tout près d'elle. Je lâchai un petit soupir amusé lorsqu'elle me demanda si j'avais mangé. « Tu crois que c'est quoi ça? » lâchai-je, sourcils arqués, en pointant le plateau. « Elles sont pour moi, bien entendu. Je posais la question, parce que j'ai laissé tous les ingrédients sur le comptoir pour toi. » Tentant de garder mon sérieux, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire en coin. J'étais peut-être mignon, cela ne m'empêchait pas de plaisanter un peu. « Plus sérieusement, non, je n'ai pas encore mangé. Je pensais que tu allais être assez gentille pour partager avec moi. » Je me penchai vers le plateau pour le soulever afin de le déposer sur Aurora. En tout cas, elle avait du service. Un peu plus et elle se sentait dans un hôtel cinq étoiles où j'étais son serviteur. « Au menu ce matin, madame MacAllister, nous avons : les pancakes du chef avec son célèbre sirop d'érable et le tout accompagné d'un verre de lait. » Il tentait d'employer un ton soigné en énumérant ce qui se trouvait sur le plateau. Question de faire un peu fancy!

Je connaissais assez bien Aurora pour savoir qu'elle était un peu naïve sur les bords. Ce n'était pas une reproche, au contraire c'était mignon. Tout comme la tête qu'elle faisait en ce moment lorsque je lui ai dit que les pancakes n'étaient pas pour elle et que si elle en voulait, elle n'avait qu'à aller s'en faire. Elle semblait gêner et honnêtement, ça me faisait rire. Après toutes ces années ensemble, elle devrait savoir que ce n'était pas mon genre de faire ça. Si cela avait été mon frère, peut-être, mais pas moi. J'étais serviable. Mais bon, je voyais dans ses yeux qu'elle croyait ce que je lui racontais. Donc, je repris mon sérieux en ajoutant que nous allions partager - si elle le voulait bien. Même si je doutais qu'elle refuse, je demandais quand même. On ne sait jamais. « Je l'espère, c'est quand même inscrit dans notre contrat. On doit tout partager! » plaisantai-je en posant le plateau sur ses genoux. Lorsque je mentionnais notre contrat de mariage, c'était toujours pour faire des blagues et non pour faire du chantage, comme certaines personnes le font. Même si elle a dit « Je le veux. », je ne l'oblige à rien. Elle fait ce qu'elle veut quand elle le veut. Le mariage n'est pas une prison, seulement une preuve d'amour. Chose qui faudrait expliquer aux gens avant de s'engager.

Je lui présentai le petit-déjeuner préparer par nul autre que moi. J'aimais bien utiliser d'autre ton de voix quand je faisais quelque chose de différent, comme si je jouais un jeu et elle embarquait toujours avec moi. Alors qu'elle se pencha vers moi pour un baiser, j'approchai mon visage du sien, m'arrêtant à quelques millimètres de ses lèvres pour lui souffler : « Votre mari n'est pas disponible pour le moment, mais un amant ça vous dit? » Je glissai ma main sur sa joue avec douceur pour finalement venir l'embrasser. Apparemment, jouer les amants était un truc qui animait les couples. Personnellement, je trouvais cela un peu débile. Si tu joues à l'amant avec ta femme et qu'elle aime ça, c'est quasiment croire qu'elle n'aime pas quand t'es toi-même quoi. Enfin c'est mon opinion! Je vins ensuite me placer à ses côtés dans le lit, la regardant prendre sa première bouchée pour ensuite en demander une. « J'ai déjà planifié notre journée. Enfin, peut-être que tu avais planifié quelque chose pour nous aussi. Si c'est le cas, ça ne me dérange pas de sacrifier notre promenade au parc. » En fait, je me foutais un peu de ce que nous allions faire aujourd'hui. Tout ce que je voulais était passé la journée avec la femme que j'aime.

« Je ne vois aucune autre raison valable. » dis-je en haussant les épaules avec un sourire qui arborait mes lèvres. J'aimais ces petits moments taquins entre nous. Ça faisait toujours du bien et ça me montrait que malgré le temps, rien ne changeait entre nous. Elle restait toujours la fille que j'ai aimée et je tentais de faire de même. Le changement dans un couple peut être dangereux, faut faire attention. Ce n'est pas, parce qu'on accepte une personne qu'on acceptera nécessairement ce qu'elle deviendra. Qui sait? Peut-être que d'ici quelques années, Aurora deviendra une toute autre personne et honnêtement, je ne sais pas si je pourrais être d'accord avec cela. Oui, je l'aime. Mais comme je dis, ce qu'elle peut devenir risque de ne pas me plaire ou au contraire, cela peut vraiment me plaire. Pour l'instant, notre amour restait parfait et je profitais de chaque moment passé avec elle. Parlant de bonheur, je plaisantais en jouant le rôle d'un futur amant, attendant la réponse que je voulais entendre. Que je lui suffisais... En même temps, je n'avais pas besoin de l'entendre pour savoir ce qui en était. Nous étions amoureux et rien n'allait changer, même pas un connard qui déciderait de me la voler. Je me la pète un peu trop, mais c'est ce que je pensais et j'en suis certain. Tout en souriant, nos lèvres s'entremêlèrent une nouvelle fois avec tendresse. C'était de même pour moi aussi. Elle me suffisait amplement. Depuis notre première rencontre, je sais que c'est elle et je n'imaginais personne d'autre à sa place. De nos jours, aimer une seule personne est une chose rare. Enfin, les gens pensent être amoureux, mais après un moment s'attache à d'autres et ça devient compliqué. Espérons que ça ne soit pas le cas pour nous.

Tout comme elle me l'avait dit - et comme le stipule notre contrat de mariage -, elle partagea ses pancakes, me nourrissant comme un enfant à qui on fait l'avion avec la fourchette. Eh ouais! Encore à trente-deux ans, on devait tenir ma fourchette. Le plus flippant dans tout ça, c'est que j'aimais bien me faire traiter ainsi. Comme un petit roi! Je faisais la bouffe et elle l'apportait à ma bouche. À chacun sa tâche! Le travail d'équipe cela existe dans un couple marié. Je lui annonçai alors que notre journée ne faisait que commencer, parce que j'avais tout planifié et sa femme préférait le suivre. Anniversaire ou pas, il est vrai que j'étais toujours au taquet pour nos sorties. Je ne voulais pas être un de ces couples minables qui - comme rendez-vous galant - laisse la télécommande à son partenaire afin de lui laisser le contrôle de la soirée. L'homme a beau devenir paresseux, faut pas en abuser quand même! Le sourire qui était accroché à mes lèvres s'estompa, suite à la question qu'elle venait de poser. Avait-elle oublié? J'arquai un sourcil en penchant légèrement la tête. « Et bien... C'est notre anniversaire de mariage chérie. Notre premier... » Peut-être que j'en faisais trop en fait. Habituellement, c'était la femme qui s'en rappelait et ne se gênait pas de le dire à son mari. Dans notre couple, c'était apparemment le contraire. Je n'étais pas fâché, pas du tout. Par contre, j'étais un peu vexé quand même. Cependant, je ne le montrais pas. Je ne voulais pas qu'elle se sente mal ou quoi que ce soit. C'était à moi de ne pas m'emporter pour cette stupide journée qui se répétera chaque année. « Ce n'est pas grave! Ne t'inquiète pas avec ça, je l'avais noté dans mon portable. C'est pourquoi je m'en suis rappelé. » mentais-je en affichant un faux sourire. Je ne voulais pas qu'elle croit que j'étais vexé.

Vivre une histoire d'amour tel un compte de fée était loin de ce que j'avais imaginé pour moi. Avant de rencontrer Aurora et de l'aimer comme je l'aime, j'étais différent avec celle qui me servait de petite amie. Avec elles, je savais que ce n'était qu'une phase et que ça n'allait pas durer. Pourtant, je restais en couple jusqu'à ce que l'un de nous y mettre un terme. Je n'ai jamais vraiment couru après l'amour. Je ne dis pas non plus que j'étais un sans cœur. J'ai déjà aimé, mais pas au point où j'aime ma femme. Si j'avais su dès le début que c'était la femme de ma vie? Pas du tout. On dit toujours que l'amour frappe quand on ne s'y attend le moins. C'est vrai. Certaines personnes cherchent l'amour comme nous cherchons quel t-shirt mettre. Sélectif, mais ouvert à toutes les possibilités. Pourtant, ce sont ces personnes qui sont les plus facilement blessées. En même temps, sauter sur le premier venu qui nous donne de l'attention en croyant que s'est la personne de notre vie, ce n'est pas la meilleure idée. C'est pourquoi avec Aurora, j'avais pris mon temps. Je voulais m'assurer que je ne faisais pas une erreur. J'étais conscient de mes sentiments pour elle, mais vaut mieux prévenir que guérir. Un cœur, c'est fragile! Et puis, prendre notre temps n'avait pas été désagréable. Aucune presse et c'était la beauté de notre couple. On allait à un rythme qui n'était pas précipité. Je dirais même qu'encore après toutes ses années, on se découvrait encore. Bien entendu, je la connaissais bien, mais je ne connaissais pas tout. Chaque nouvelle qualité ou même défaut, je l'aimais encore plus. Tout comme aujourd'hui, je venais d'apprendre qu'elle n'était pas doué avec les dates apparemment. Oublié son anniversaire de mariage, ça peut arriver, non? Beaucoup de gens oubliaient certaines dates. Par contre, je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir, en quelque sorte, blessé par cet oublie. Je savais très bien que ce n'était pas de sa faute. Aurora n'oublierait pas notre anniversaire pour rien. Parfois, un peu de préoccupation peut nous faire penser à autre chose et elle n'y avait tout simplement pas passé. Enfin, si c'était le cas, je me demandais bien ce qui pouvait la préoccuper. À ce que je sache, tout se passe bien pour l'instant. À moins qu'elle ait oublié de m'en parler. Parfois, on préfère garder certaine chose pour nous et ça je peux le comprendre. Tout comme moi je l'avais fait avec la fortune de mes parents. Il y avait encore une grosse partie de caché et j'étais le seul au courant. Je ne voulais pas en parler à ma femme et au reste de ma famille, tout simplement pour les protéger. Sachant qu'elle avait été gagner de façon illégale, je ne savais toujours pas d'où elle venait. Mes parents avaient emménagés ici sur un coup de tête et de façon rapide. Pourquoi? I don't know... C'est pourquoi je garde tout ça pour moi.

Vu la tête qu'elle faisait et ses yeux humides, je voyais bien qu'elle se sentait mal vis-à-vis l'oublie. Oui, c'était blessant, je l'avoue. Le jour de notre mariage est pour moi un jour important et je croyais ne pas être le seul à m'en rappeler, mais bon... Je ne voulais pas qu'elle pleure pour ça quand même. Lorsqu'elle attrapa ma main, je vins entrelacer mes doigts avec les siens en les regardant pour ensuite poser mon regard dans le sien. « Tu n'es pas une femme horrible... Tu le sais très bien. Tu as juste oublié notre anniversaire, ce n'est pas grave. Écoute, je ne me rappelle même pas de l'anniversaire de ma sœur et cela ne fait pas de moi un frère horrible! » En fait, il avait mentit sur le coup, il se rappelait bel et bien de la date de naissance de sa sœur. De toute façon, quand sa fête approchait, elle ne manquait pas l'occasion de me le dire. Contrairement à Aurora et moi, on ne se vantait pas vraiment de notre date de mariage. Encore une fois, je cherchais des excuses pour elle... Elle s'excusa à nouveau en ajoutant qu'elle allait se rattraper. « Ce n'est pas la peine, t'inquiète. » soufflais-je à voix basse. Mon regard était toujours sur elle qui avait le sien baisser. Après un moment, elle le releva pour me souhaiter un joyeux anniversaire. Même si ce n'était pas comme ça que j'aurais voulu l'entendre, je ne pus m'empêcher d'échapper un petit rire en secouant la tête. Vu la tête irrésistible qu'elle faisait, elle réussissait à me faire quasiment oublié qu'elle avait zappé notre anniversaire. « Tu sais bien que je ne peux pas me fâcher après toi quand tu fais cette tête. Par contre, j'aimerais bien voir ce que tu serais prêt à faire pour te rattraper. Je suis un homme blessé en ce moment, tu sais? » lâchai-je en posant sa main sur mon cœur comme si j'étais vraiment blessé. Bien entendu, il plaisantait. J'avais l'habitude de garder mes émotions pour moi, alors même si je l'étais encore, je préférais en rire.